Après environ 10 heures de bus de nuit (plutôt confortable –
j’ai bien dormi), me voici à Yogyakarta. Yogyakarta est une ville animée
d'environ 500 000 habitants et la destination touristique favorite de l'île de
Java, en grande partie grâce à la proximité des temples de Borobudur et de
Prambanan. La ville est un centre artistique et éducatif, connue comme centre
de l'art classique javanais et de la culture traditionnelle.
Comme partout, à
la descente du bus, on me sollicite pour un scooter, un taxi, mais je me
faufile jusqu’au parking des bus locaux, et c’est finalement avec un Angkot
(minibus local) que je me rends au centre-ville pour seulement 3000RP (0,50
euros). Je trouve un homestay plutôt agréable dans le quartier de Sosrowijayan,
quartier traditionnel constitué de petites ruelles, et à côté de la célèbre rue Malioboro, bordée des 2 côtés par une multitude de magasins (vêtements, batiks,
souvenirs) et de petits warungs (streetfood). Je passe cette première journée à
me reposer et m’organiser pour la suite.
Je consacre le lendemain à la visite
des 2 célèbres temples Borobudur et Prambanan. J’ai réservé un tour pour voir
Borobudur au lever du soleil (levé 4h30) ; nous sommes 7 dans le minibus
et je rencontre 2 filles très sympas de
Suisse. Lorsque nous arrivons sur place, c’est un peu la déception car le ciel
est gris et le soleil n’est pas au rendez-vous. Le temple est cependant
magnifique, et ça valait la peine de venir (même si l’entrée pour les étrangers
est de 20USD !). Situé à 42 km de Yogyakarta, Borobudur est le plus grand
monument bouddhiste au monde. Il étend sur une surface de 2 500 m² des
murs ornées de bas-reliefs et des balustrades bordées de 72 stupas ajourés, qui
abritent autant de statues du Bouddha. Construit sur trois niveaux, le monument
s'appuie sur une base pyramidale, comprenant cinq terrasses carrées
concentriques, qui est surmontée de trois plates-formes circulaires,
elles-mêmes couronnées d'un stupa monumental.
Après 2 heures de visite, nous
reprenons la route jusqu’à Prambanan, temple situé à la sortie de la ville à
Yogyakarta. Prambanan est le complexe de temples hindou le plus grand de Java ;
c’est un ensemble de 240 temples shivaites, construits au IXe siècle. Le site a
été très endommagé par le tremblement de terre qui a frappé la région en 2006
et est toujours en cours de restauration. Les 2 temples principaux sont
toutefois très impressionnants : le temple Prambanan, et le temple Sewu.
Prambanan
Sewu
Nous
sommes de retour vers 13 heures, après-midi repos. Je rencontre Ronan, un
français qui fait aussi le tour du monde, et nous avons les mêmes projets pour
les quelques jours à venir : le volcan Merapi, le plateau Dieng. Du coup
on décide de partir ensemble.
C’est en scooter qu’on part le lendemain (vendredi
19/07) jusqu’au petit village de Selo, d’où part le chemin pour grimper au
sommet du volcan Merapi. Après 2h30 de route (on a dû demander 2-3 fois notre chemin),
nous arrivons à Selo.
Comme l’ascension se fait de nuit (une fois de plus, pour
éviter d’arriver au sommet la tête dans les nuages), nous prenons finalement un
guide. Nous avions pensé le faire sans car la plupart du temps ce n’est pas
vraiment nécessaire, mais nous n’avons pas vraiment eu le choix car Selo n’est
pas du tout touristique (2 « homestay » seulement) et le gars nous a
dit que si on ne prenait pas de guide, alors on ne pouvait pas rester dormir
chez lui (pour une question de responsabilité). Bref, on se dit finalement que
c’est peut-être plus prudent. En effet, avec 49 éruptions entre 1548 et 2010,
le volcal Merapi est considéré comme le volcan le plus actif et le plus
dangereux d'Indonésie, produisant de périodiques nuées ardentes. De petites
éruptions ont lieu tous les deux ou trois ans et de plus importantes tous les
dix à quinze ans. En 2006, le Merapi se réveille pour plus d'un an d'activité
et 30 000 personnes sont évacuées des zones les plus exposées dont
plusieurs villages et les abords des rivières. En 2010, après plus de trois ans
d'inactivité, le Merapi entre à nouveau en éruption après une phase sismique
qui a vu son dôme de lave grandir de plusieurs centimètres par jour pendant
plusieurs semaines. De nombreuses nuées ardentes dévalent ses pentes,
entraînant la fuite de plus de 100 000 personnes, tuant 350 personnes. On
apprendra qu’une nouvelle petite éruption a eu lieu 2 jours après le jour de
notre ascension et a fait la une des journaux !
Après une après-midi
tranquille dans le village et un repas très local dans un petit warung (plat en
sauce avec riz + légumes et de la viande de chèvre – on le savait pas avant de
le manger – j’ai pas franchement aimé), on se couche tôt (20h) car le réveil
est programmé pour 00h30. Nous démarrons l’ascension à 1h00 (ils prévoient
entre 4 et 5 heures de montée pour 1600m de dénivelé), et nous atteignons le
sommet après seulement 3 heures de marche (2911m). Nous sommes un peu en avance
pour le lever du soleil, mais il ne fait pas trop froid, nous avons un
magnifique ciel étoilé et la vue sur les montagnes environnantes et les
lumières des villes alentours est vraiment superbe. On retrouve au sommet les 2
filles suisses que j’ai rencontrées la veille, et qui ont pris un tour organisé
depuis Yogya. Après le lever du soleil, on redescend en découvrant le paysage
de jour ; c’est ça qui est bien de monter de nuit, c’est qu’on ne s’ennuie
pas au retour ! C’est vraiment chouette.
Après un bon petit déjeuner, on
rentre sur Yogya en scooter ; Ronan maîtrise parfaitement la conduite au
milieu des voitures, scooters, camions, piétons. L’après-midi repos (encore) –
faut dire qu’on n’a quand même pas beaucoup dormi.
Dimanche, c’est
reparti ! On enfourche le scooter direction Dieng, situé à environ 115km
de Yogya. C’est 4-5 heures de route qui nous attend. Après environ 80km (on est
près du but), on arrive à Wonosobo, où la route commence à grimper vers le
plateau de Dieng, situé à 2400m d’altitude. Il commence à pleuvoir, du coup on
s’abrite, mais après 1h30 d’attente, on comprend que la pluie ne cessera pas,
au contraire, plus le temps passe et plus il pleut des cordes. Du coup on
décide de repartir équipés de nos vêtements de pluie, et de trouver un homestay
dans les environs. 15 minutes après, on trouve un endroit très sympathique
(avec eau chaude !!) et le monsieur est adorable. Nous sommes accueillis avec
du thé et des gâteaux et il propose de nous apporter notre diner sur place ce
qui m’arrange bien car mon pantalon est trempé et je n’ai pas pris de change. Le
lendemain, après 1 petite heure de scooter, on atteint le village de Dieng. On
se promène la matinée sur le plateau : visite du lac turquoise de Telaga
Warna (pas vraiment turquoise avec un ciel gris L), du Arjuna Complex (ensemble
de 5 temples hindous supposés être les plus
vieux de Java, le cratère volcanique de Kawah Sikidang et le village de
Sembungan (2300m), d’où la vue sur les montagnes environnantes et les cultures
en terrasses est censée être exceptionnelle (pour nous c’est de la brume et le
retour de la pluie).
Vers 13h, on prend le chemin du retour sous des trombes d’eau,
et malheureusement pour nous, le temps de n’améliore pas ; c’est seulement
après 5 heures de routes (dont peut-être la moitié sous la pluie) que nous
arrivons à Yogyakarta. Pour finir la journée en beauté, il n’a y a ni
électricité ni eau dans notre homestay ; du coup on change pour un hôtel
voisin pour la nuit.
Je consacre alors mes 2 derniers jours à Yogyakarta pour
visiter un peu la ville et préparer la suite de mon voyage en Malaisie /
Australie. Je suis agréablement surprise par la gentillesse des gens que je
rencontre à Yogya mais si je croise quand même des rabatteurs prêts à dire n’importe
quoi pour m’attirer dans une boutique de batik (par exemple « quoi, vous
allez au Kraton ? Mais c’est le ramadan, c’est fermé ce matin ; mais si vous voulez
je connais un centre d’art où vous pouvez voir les étudiants travailler, et il
faut se dépêcher car ça ferme à 13h ! » Comme par hasard). Du coup le
mardi, je déambule la rue Malioboro au milieu des calèches, becak et scooters jusqu’au Kraton, ancien palais du
sultan.
Puis je découvre la fabrique traditionnelle des marionnettes et des
batiks dans une petite ruelle jouxtant le palais. C’est très intéressant.
Sur le chemin du retour vers mon homestay, je m'arrête manger un plat de noodle sur le bord de la route, puis je fais un tour au marché "Pasar Beringharjo". je rentre finalement en empruntant les petites ruelles du quartier Sosrowijayan,
c’est plutôt plaisant, loin de l’animation de la rue Malioboro.
Le lendemain,
je pars visiter le Water Castle (Taman Sari) et la mosquée souterraine. Le
water castle était un complexe de
canaux, piscines et palais construits à l’intérieur du Kraton au 18ème
siècle. Endommagé par la guerre et les successifs tremblements de terre, ce n’est
aujourd’hui qu’un ensemble de ruines envahi par les maisons et fabriques de
batik. Seuls les bains ont été restaurés.
Un guide m'accompagne jusqu'à la mosquée souterraine (il est gentil, je n'ose pas lui dire non), et m'emmène dans sa boutique de batik (évidemment!). Il y a des jolies choses, je prends quand même le temps de regarder même si je ne veux rien acheter.
C’est après cette dernière ballade dans la ville animée de Yogyakarta que s’achève mon périple
javanais, et il est temps pour moi de partir à la découverte d’un nouveau pays :
la Malaisie.